FIRMAN de Sa Majesté le Roi des Rois Mohammad Reza PAHLAVI
désignant le nouveau Premier Ministre en août 1953
(TRADUCTION linéaire du persan en français)
Son Excellence Fazlollah ZAHEDI
Attendu que la situation du pays rend impérieux que Nous désignions une personne avisée et expérimentée pour prendre les rênes du
gouvernement, par conséquent, et, informé que Nous sommes de vos compétences et mérites, en vertu de cette ordonnance manuscrite,
vous êtes désigné au poste de Premier Ministre et Nous ordonnons que vous mettiez tout en œuvre afin de réformer les affaires de l’Etat, d’enrayer la crise actuelle et
d’élever le niveau de vie du peuple. 22 Amordad 1332 (= 13 août 1953) Mohammad Reza PAHLAVI
Le Colonel Nassiri, commandant en chef de la prestigieuse Garde Impériale (dont les membres étaient dénommés à la manière antique "les Immortels"), brandit fièrement, sur ce cliché d'époque, le firman du Roi nommant, en vertu de ses pourvoirs constitutionnels, le Général Zahedi comme Premier Ministre et destituant ipso facto le Premier Ministre sortant Mohammad Mossadegh.
Lorsque le Colonel Nassiri, muni du firman royal émis et signé par le Roi le 13 août, se rend le 15 août 1953 au domicile du Dr Mossadegh pour le démettre, ce dernier refuse de se soumettre et a l'audace de faire arrêter l'émissaire du Shah! Le but du Premier Ministre démis récalcitrant, que nul n'ait vent de l'existence de ce firman du Roi. Mais peine perdue, la nouvelle se répand dans tout le pays comme une trainée de poudre et le coup de force de Mossadegh suscite l'ire du peuple attaché à la monarchie et fidèle au Roi.
S'ensuivent trois jours de troubles insurectionnels, voire prérévolutionnaires, provoqués par des éléments subversifs et les communistes, pendant lesquels le Premier Ministre Mossadegh bafoue la Constitution, veut opiniâtrement se maintenir par la force au pouvoir, et entre, de ce fait, dans l'illégalité jusqu'au rétablissement de l'ordre par son arrestation.
Le très bref exil du Shah et de la Reine Soraya n'aura finalement dura que du 15 au 21 août 1953 (dont 3 jours seulement à Rome du 18 au 20).
Le Shah rentrera triomphalement à Téhéran le 22 août, accueilli par une liesse populaire. $L'Iran venait d'échapper de peu à la subversion communiste, et le Monde Libre fut sur le point de perdre l'un de ses pilliers dès le tout début de la Guerre Froide....
Le Général Razmara, formé à Saint-Cyr, Premier Ministre du Shah nommé le 10 juillet 1950, assassiné le 7 mars 1951 par un islamiste Khalil Tamassebi, avec l'approbation de Mohammad Mossadegh, politicien retors et ambitieux qui convoitait le poste de Razmara qu'il occupera quelque 53 jours plus tard, le 29 avril 1951.
Mossadegh, un Premier Ministre obséquieux qui multipliait publiquement les gestes de déférence à l'égard des augustes souverains: à l'égard de la Reine Soraya (à gauche) et du Roi (aux pieds duquel il se jette à la manière des anciens Perses dans cette photo publiée à l'époque par le New York Times).
Mohammad MOSSADEGH en grande conversation avec l'ayatollah KASHANI, sorte de Khomeini avant la lettre, expulsé d'Iran par le Premier Ministre Razmara et réhabilité par Mossadegh parvenu au pouvoir.
En contrepartie du soutien politique de cet ayatollah intégriste qui décréta officiellement "le Jihad contre l'Occident", le Premier Ministre Mossadegh fit de sorte que l'ayatollah Kashani devienne président de l'Assemblée Nationale.
L'ayatollah Kashani approuva publiquement l'assassinat du Premier Ministre Razmara et obtint du nouveau Premier Ministre Mossadegh que l'assassin Khalil Tamassebi soit acquitté et acclamé!
Pendant leur fructueuse collaboration, Mossadegh, soutenu également par le parti Toudeh (parti communiste iranien totalement inféodé à l'URSS, interdit en 1949 et légalisé de facto par Mossadegh dès 1951), instaura la charia, rendit obligatoire le voile, interdit l'alcool...
Mossadegh fut ainsi, 25 ans avant la Révolution islamique de Khomeyni, le véritable initiateur de l'alliance du Rouge et du Vert, i.e. du communisme et de l'islamisme, bref le père spirituel du double totalitarisme islamo-communiste.